Il voit le jour le 2 janvier 1915 à
Roussac (Haute-Vienne) et est le 3ème enfant d’une fratrie de 5
garçons. Ses parents, Pierre Grapy, originaire de la commune de St Junien les
Combes et Anna Germaine Lavergne, originaire de la commune de Rancon, sont
métayers. A sa naissance ils le déclarent à l’état civil avec deux
prénoms : Auguste et Henri, mais son parrain, Monsieur Coulaud
propriétaire de la ferme où ses parents travaillent, y ajoute Robert qui
devient son prénom usuel.
Avec ses 4 frères il passe son enfance à la
ferme de « Beauguet » et fréquente l’école communale de Roussac
située à 2 kms environ du domicile familial. En dehors de la scolarité il passe
de longues heures dans les champs et tout en gardant les vaches il découpe des
morceaux de bois. C’est grâce à un simple outil, un petit canif offert par son
père, qu’il commence à tailler puis à façonner ce bois dont il dira plus tard que
c’est « son meilleur ami ».
Vers 1930 il suit une formation de
sabotier chez un artisan « Dupin » à Roussac et y travaille durant
quelques années. Il part au service militaire en 1935 et est affecté au 30ème
régiment d’artillerie de Salbris (Loiret) puis est rappelé à deux reprises
avant d’être démobilisé en Juillet 1940.
En 1944, il se marie avec Gisèle Marot et
part vivre au hameau de « Chasseneuil » sur la commune de Rancon où
il travaille dans la ferme de ses beaux-parents. Il est agriculteur mais sa
passion pour le bois ne le quitte pas « J’aime le toucher, le
sentir, lui donner des formes ». Souvent, il se retire dans son
atelier où il fabrique des sabots et de merveilleux jouets en bois qu’il offre
chaque Noël à ses deux enfants.
Dans les années 55-60 il assure la
présidence d’une Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA) pour
laquelle il est salarié l’été durant la période des battages.
Habile bricoleur, touche à tout, il
s’aventure dans tous les domaines manuels. Il construit un poste à galène,
insère un mini moteur de sa création dans une coquille de noix, fabrique les
meubles de sa chambre à coucher, répare montres, réveils, horloges, outils et
machines agricoles.
C’est surtout durant les 30 dernières
années de sa vie qu’il se consacre à sa passion. Il va créer de nombreux objets
miniatures représentant le monde rural de son enfance « pour ne pas
oublier » souligne t-il.
Il façonne toujours le bois en utilisant
principalement un canif et sous ses doigts naissent meubles anciens, figurines,
animaux, objets divers. Puis il travaille d’autres matériaux pour donner vie à
ses créations et rendre mobile ses maquettes. Il récupère bouts de ferraille,
boîtes de conserves, casseroles usagées qu’il découpe en menus morceaux pour les
transformer en gonds, verrous, socs de charrue, serrures, etc.
Il puise parfois son
inspiration dans son vieux dictionnaire Larousse de 1946 dans lequel il étudie
les photos d’objets oubliés afin de les matérialiser. Il se rend souvent au
musée de son canton à Châteauponsac pour observer certaines pièces exposées. Il
se déplace de nombreuses fois à Roussac pour mémoriser l’église qu’il va
reproduire. Il cherche dans sa mémoire pour construire à l’identique la
maquette de sa classe d’école ou le moulin à huile qu’il a vu fonctionner
enfant et quelquefois il invente, tel son vélo tout en bois. Il mûrit toujours longuement
les projets dans sa tête « j’y pense même la nuit »,
fait de temps en temps des croquis puis, avec patience et une extrême
précision dans les détails, passe de très longues heures, seul, à créer dans
son petit atelier. Ici il est dans son univers, entouré d’un méli-mélo de bois,
racines, outils, objets divers récupérés çà et là.
Dans une pièce attenante à sa maison il
range au fur et à mesure, dans des vitrines qu’il fabrique lui-même, l’ensemble
de ses modèles réduits. Il est souvent sollicité pour les exposer lors de fêtes
régionales et les transporte de commune en commune avec l’aide de Christian son
fidèle accompagnateur. Il reçoit aussi à son domicile des écoliers, des
vacanciers, des retraités, et c’est toujours avec un grand plaisir qu’il répond
aux questions et qu’il explique dans le moindre détail le fonctionnement de
chaque objet « Créer, c’est mon plaisir, c’est ma vie ».
Outre sa passion, il a eu la joie de
connaître 4 petits enfants qu’il appelait affectueusement « mes
michetatous » et deux arrières petits enfants dont il était un compagnon
de jeu infatigable.
Il nous a quittés le 28 juin 2006.